escapade normande

 


Il est temps de mettre fin à une légende urbaine, celle qui veut que je sois une créature précieuse et sophistiquée, particulièrement difficile à satisfaire. Il y a un vieux fond de paysannerie en moi qui est comblé par la vue d’une nature verte et riche. (J’ai la mentalité d’une Madame de Sévigné que la sécheresse désole et qui trouve que le sud avec ses étés secs est vraiment vilain, je serais pareillement désespéré si ma fille devait suivre son époux en Provence.) J’ai passé quelques jours en Normandie et j’ai été de ravissement en ravissement, transporté par le moindre arbre en fleurs, extatiques à la vue de la plus petite fleurs… (Et aussi terrassé par l’allergie, malédiction de ma famille d’asthmatiques qui me fait craindre ce printemps qui est pourtant ma saison préférée.) Et puis, il y a la mer et le ciel bleu... Oui, je fais dans le cliché, mais en même temps, ce sont des photos et si le cliché me fait du bien, je ne vais pas me priver.

 




Notez que mon amour de la Normandie ne va pas jusqu'à envisager l'exil définitif. Le fond paysan en moi est bien muselé, je vous rassure, et je n'oublie pas les effet de la campagne normande sur Madame Bovary. Bien sûr, maintenant, il y a internet, peut-être que ça change tout. Mais je préfère ne pas penser à Emma date sur Tinder et shoppe sur Amazon. Merci mais non merci.






Sans surprise, toujours fidèle à moi-même, dans les musées, ce qui m’a fasciné, c’était la vaisselle, les services à thé et à café (Je ne suis pas qu’un paysan, je suis aussi une femme au foyer des années ’50) et, forcément, les objets venus de l’extrême orient. Même si la femme au foyer en moi sait pertinemment que les laques de la Chine et du Japon sont une horreur à entretenir, on voit littéralement la poussière se redéposer après le passage du chiffon et c’est vraiment là une chose qui me chiffonne.

(Photos prises au musée des beaux-arts de Caen.) 

  

Sarah Waters et Balzac m’ont accompagné dans mon exil normand. L’indésirable est un roman noir, gothique qui prends place dans l’immédiat après guerre et conte les derniers moments d’une grande famille/d’une grande maison, fin sombre et hantée, marquée par la fatalité, le basculement dans la folie. C’est un peu différent de ses autres romans, il n’y a pas de lesbianisme, c’est un hommage à la littérature du XIXème siècle, même si le cadre est le milieu du XXème. Ce n’est pas forcément le meilleur roman de l’auteure, mais c’est probablement l’un des plus sombres et le roman se laisse lire avec grand plaisir.


La femme abandonnée de Balzac est un second portrait de Madame de Beauséant, celui ou l’une des reines de Paris abrite sa douleur en Normandie et ou elle rencontre une seconde fois l’amour en la personne du jeune Gaston de Nueil.  C’est romantique à souhait, Balzac fouille la psychologie de la femme amoureuse… Claire de Beauséant est assurément angélique mais c’est surtout le côté « après » qui me plaît, l’étude de la blessure, de la déchéance, du deuil et du renoncement, de l’espoir qui renaît.  Il y a du sublime dans l’amertume et la déception, de la beauté dans la fuite du monde et le secret d’une vie cachée… C’est une nouvelle, fort plaisante à lire, mais j’aime beaucoup Balzac, j’aime beaucoup relire Balzac. (Oui, je me suis fait toute la comédie humaine à la fin du XXème siècle mais j’aime à y revenir régulièrement. Ce monde créé par Balzac, qu’on soit sensible à tel aspect plutôt qu’à tel autre, c’est assurément fascinant. Pour le coup, l’édition pléiade avec son index des personnages est absolument indispensable. Dite-vous que ça vous reviendra moins cher que d’acheter tous les poches et que ça prendra moins de place dans la bibliothèque. 12 volumes, certes.)

 


Je n’avais emporté qu’un seul parfum avec moi, l’original musk de Kiehl’s que j’aime beaucoup et qui est un peu, pour moi un parfum de paresse et de pas envie, que j’oublie généralement de porter. (Mon flacon va me durer des siècles.) Son départ un peu aldéhydé pour un minimum de scintillance fait vite la place à des muscs un peu fleuris qui joue sur les registres du propre et du chaud. (Je ne peux pas vraiment dire sale.)  Le rendu est celui d’un t-shirt propre et frais sur une peau chaude. Certains le trouvent sensuel mais c’est un aspect qui m’échappe un peu. Pour moi, il évoque surtout le confort, le fait d’être bien, d’être à l’aise dans une petite bulle musquée et douillette. Ce n’est pas un parfum qui m’évoque le « à deux » (ou trois ou…) parce que son côté confortable m’évoque plutôt un égoïsme paresseux et douillet. Mais pourquoi pas ? chacun y sent bien ce qu’il veut…

 


(Pour ce qui est des cosmétiques, ça fait tellement best of et avis exprès que je ferai un billet à part. Et je ferai aussi un billet gothique parce que… j’ai envie ? Meilleure raison au monde d’avoir un blog !)






Commentaires

  1. Bonjour.
    Original Musk je valide ! Et son huile parfumante en tube rool-on. Tes photos sont comme toujours superbes .
    Bon week-end de Pâques 😘

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    1. Merci! Original Musk est bien sous toutes ses formes... Y compris la ligne corps, même si je ne l'aime pas assez que pour avoir envie d'un lait ou même un gel douche...

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  2. Magnifiques photos, merci pour le voyage partagé, "il voulait revoir sa Normandie"... Original Musk, jamais humé, un tort ? Je me demande toujours pourquoi les américains logent leur cosmétiques dans ces flacons de verre marron, comme Estee Lauder et son advanced night repair ?
    Bonne semaine ! Gabrielle Dlr.

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    1. L'avantage du flacon marron, c'est une habitude qui vient de la pharmacie, c'est qu'il préserve la formule de la lumière. (La lumière, c'est très mauvais pour nos produit.) Le verre transparent, pire le POT en verre transparent, c'est une mauvaise idée...

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  3. Bien bien bien... merci pour cette réponse qui comble mes lacunes, mais justifie pourquoi le flacon Kiehls m'a toujours fait penser à une fiole d'une affreuse potion qu'on prend dans une cuillère à soupe en faisant la grimace :D Ils auraient pu soigner l'étiquette au moins, mais on y lit que c'est un flacon d’apothicaire ! Donc, ... ;)

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