scène de la vie de campagne

"Peut-être, dit-il avec un sourire, comme n’osant croire à un tel rêve, nous irons dîner tous les trois à la campagne." 

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le côté de Guermantes, 1920.

Les vacances, c’est aussi ne pas avoir à choisir mon parfum du jour pendant des heures. J’adore ça. J’adore avoir le choix. Mais au bout d’un moment, le charme du questionnement s’émousse, je suis fatigué. Alors, en vacances, je n’emporte qu’un (ou deux ?) flacon, surtout pas d’échantillon, et je ne me pose pas de question. Cette année, c’était le foin fraichement coupé d’Oriza Legrand. Que j’avais reçu gratuitement lors d’une commande précédente. (Mais je tournais autour depuis un moment, l’occasion a fait le larron.)

Ce foin revisite la cologne, de fort jolie et fort poétique façon. Il y a un départ aromatique, frais et vert, un peu mentholé et anisé, puis une note légèrement herbeuse, légèrement foin et herbe séché qui se fond très vite dans un décor classique de cologne savonneuse, un peu ambrée. (On remarquera une fois de plus, le joli travail sur les muscs blancs qui savent rester discrets et éviter toutes référence à la lessive.) C’est une cologne, mais sans agrumes. Pour ceux qui n’aiment pas l’acidité. C’est une cologne, mais faites pour ceux qui n’en peuvent plus des redites fleur d’oranger sur lit de muscs blancs. (J’aime bien le genre, mais point trop n’en faut…)

Est-ce que c’est moderne ? Oui, dans le sens ou la cologne des grands-pères est redevenue quelque chose de jeune et joli, à la mode. Mais c’est surtout une échappée bucolique, une virée campagnarde pour quand on n’en peut plus de nos habitudes citadines. (Et du confinement !) Je l’ai portée en vacances, au bord du lac, en randonnée et c’était parfait. (Le foin fraichement coupé était parfait, les insectes qui voulaient nous bouffer l’étaient nettement moins.) Et à la ville ? Ce n’est pas forcément le parfum que je porterais pour sortir de chez moi et aller au bureau, plutôt un parfum à porter pour rester à la maison et rêver, se rejouer des scène de la vie de campagne. Mais très idéalisées parce que la vraie campagne et ses insectes, je ne suis pas trop fan. (Deux semaines par an, oui, mais aller y vivre ?)

Foin fraîchement coupé, Oriza Legrand, 2014.

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