bacchanale verte



"Parfois, cachée au fond de son nom, la fée se transforme au gré de notre imagination qui la nourrit."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le côté de Guermantes, 1920.
corsica furiosa, parfum d'empire
Corsica Furiosa est un parfum vert. C’est un peu court, mais c’est ce que je peux en dire de mieux. C’est vert, c’est le festival du vert. Tous les verts semblent s’y rencontrer, Les verts lumineux luisant sous le soleil, les verts vifs et acides, les verts bleutés, sombres et humides, les verts pastels tendres, délicats, les verts chauds, doux qui font du bien à l’âme et à la peau, les verts aiguisés et aigus qui blessent… Ce parfum est un foisonnement, un jardin, assurément pas à la françaises, où des divinités païennes font la fêtes.

Laissez-vous entraîner dans la danse, suivez le dieu Pan qui invite Mélusine, le vert est la couleur des fées, à la bacchanale. Corsica Furiosa est une terre fertile, mais un terrain accidenté, ou chaque bosquet, chaque détour, chaque accident de parcours cache une surprise : une forêt, un maquis, un potager ? Ce n’est pas un parfum pour les dames, c’est un parfum pour les nymphes, un parfum ébouriffé et décoiffant, qu’il faut absolument porter pour s’en faire une idée. Nous sommes loin de la sage progression de la parfumerie classique, de ses notes de tête, de cœur, de fond, joliment posées. Ça virevolte pour se poser plus sagement en fin de journée, mais on ne peut appréhender le parfum en s’accrochant à l’une au l’autre note.


Alors que le vert, cette idée de nature, peut sembler simple, évident, que ce parfum inspirera peut-être à ceux qui nous croisent, une affection ou un rejet immédiat, il est difficile, non pas à porter, mais à appréhender tant il est protéiforme. Ce qui fait son charme, sa séduction, est aussi une faiblesse, tant il pourrait décevoir parce qu’on se fait facilement une idée fausse de lui. Je l’avais senti à sa sortie, j’y étais revenu de temps en temps en boutique, mais ce n’est qu’en ayant l’occasion de le porter que je me suis dit que je l’aimais. Je ne dirais pas que je le comprends, je n’en ai pas envie, je préfère laisser au magicien qui l’a créé ses secrets et me contenter d’être la victime consentante du sortilège.


Corsica furiosa, Marc-Antoine Corticchiato pour Parfum d’Empire, 2014.

Commentaires

  1. Bonsoir, tentateur. Ce parfum semble unique mais impossible de le tester donc vivement la fin du confinement. Même unique est-ce un parents, un cousin éloigné, de Marescialla ou opoponax de SMN ? Comme j'adore ces deux là surtout la première très résineuse. Merci pour ces plaisirs inestimables que vous nous offrez .

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  2. Je connais le second, rien à voir, pour le premier, je dirais la même chose car Corsica n'a vraiment rien de résineux. Et, oui, c'est un parfum à tester et à tester en condition réelle, pas sur touche ou un peu sur le poignet, il mérite vraiment qu'on aille s'en asperger en parfumerie comme on le fait quand on se parfume pour la journée... Celui la gagne à être échantilloné!

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  3. Bonjour, vous êtes un tentateur !!!! Aujourd'hui j'ai essayé et évidemment je suis tombé en amour pour ce parfum vert, vert mais aussi lourd d'encens, de résines. C'est le troisième parfum que j'achète grâce à vous. Merci pour ces découvertes et pour votre style franc et plein d'esprit.

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    1. Oui et je n'ai même pas honte. On va dire que ça permet de mieux choisir. (Pas forcément plus mais mieux!) Et grand merci pour les compliments qui me font très plaisir!

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