oie blanche

"Elles vous plaisent? Dame, ça dépend. C'est tout à fait les petites oies blanches. ça a peut-être son charme, si vous aimez les petites oies blanches, vous êtes servi à souhait."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, à 'ombre des jeunes filles en fleurs, 1919.

idole, Lancôme

Lancôme, c’est l’éternelle belle endormie, un peu ringarde qui se réveille toujours pour faire le carton qu’on n’attendait pas. La vie est belle a remis la maison aux premières places grâce à un marketing impitoyable. Le jus a peut-être moins compté que le sourire carnassier de Julia Roberts qui nous vendait un inoxydable optimisme, mais il a su trouver un public plus large que celles qui ont aimé la pretty woman à la sortie du film et ça dois bien lui valoir un certain respect même si je ne l’aime pas. C’est probablement qu’il a su traduire quelque chose de son époque, en retranscrire les goûts. (Mauvais goûts ? Oui, peut-être, ça se discute et ça se relativise. Honnêtement, un peu de mauvais goût à l’occasion n’est pas pour me déplaire. Si j’avais senti une pointe de La vie est belle au milieu des années ’90 dans un environnement clean et iodé, j’aurais peut-être été soulagé…)

Idole est le nouveau chapitre et l’avenir nous dira si c’est un top ou un flop commercial. Les gens du marketing ont misé sur le féminisme post #metoo pour nous vendre une féminité forte avec Zendaya dans la pub et en insistant bien sur le fait que le jus pour femme avait été composé par trois femmes. Le discours récupéré me navre. Parce que le féminisme vaut mieux que ça, être un prétexte à vendre du sent-bon. Et les trois parfumeuses méritent d’être mises en avant pour d’autres raisons. Cela étant dit, on ne s’attend donc pas à un délire de créativité pour Idole.  Et puisqu’on parle de marketing, parlons du flacon qui nous est vendu comme une prouesse technique parce que c’est le plus fin et Pour moi, il est juste affreux, on dirait le fruit de l’accouplement contre nature entre un vieux flacon de N°5 et du dernier iPhone. En rose gold, bien sûr. Histoire d’en rajouter une couche et de plaire aux oies blanches...

Le parfum ne tente donc pas le jamais vu mais s’inscrit dans la lignée musquée de l’Allure selon Chanel et du Joy de Dior. De la rose, un peu de jasmin et une note fruitée. (Revendiquée comme de la poire, mais c’est Lancôme qui le dit, ce n’est pas moi !) Ce n’est pas déplaisant, ce n’est pas écœurant et sucré, nous sommes sortis de ça, c’est lumineux et joyeux. Les muscs blancs en fond sont très propres, un peu détergent. Je ne sais pas si c’est leur faute mais, finalement, le parfum est très ennuyeux, parce que trop poli, trop aimable. Et un peu cheap. Ce n’est pas déplaisant, mais trop lisse à la façon de ces comptes Instagram qui abusent de la surexposition et des mêmes filtres pour avoir un feed cohérent. Et un grain de peau tellement parfait qu’on n’y crois pas une seconde. Mais bon, tout le monde le fait, n’est-ce pas ? (Soupir…) 

Le croiser en rue et trouver que ça sent bon, pourquoi pas ? Mais le recevoir en cadeau de Noël serait une petite déception même si je trouve Idole plutôt sympathique. Parce que je dois bien avouer que pendant le test, j'ai senti une odeur fort plaisante dans le genre propre floralo-musqué. Je me suis demandé, j'ai cherché et j'ai trouvé: c'était une crème de douche Dove. Qui à mon humble avis sentait meilleur que le Lancôme. Plus chic. Bref...

Idole, Shyamala Maisondieu, Adriana Medina et Nadège Le Garlantezec pour Lancôme, 2019.