lumière

« une transparence violette descendant obliquement au fond de ses yeux comme il arrive quelquefois pour la mer, elle semblait éprouver une tristesse d’exilée. »

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, à l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1919. 

Sur le blog, je suis un peu injuste avec Parfum d’Empire, je n’en parle jamais. Alors que dans la vie, je conseille souvent aux gens d’aller voir du côté de cette marque, qu’il y a des choses jolies et originale avec une excellent rapport qualité/prix. Mais je ne porte pas de Parfum d’Empire, c’est pour ça que je n’en parle pas. Pas que j’ai quelque chose à leur reprocher, ce n’est pas mon univers. Ils sont un peut trop rentre-dedans pour moi, trop général d’Empire quand je suis un abbé de cour ou un petit marquis maniéré sous sa perruque poudrée. JE vais enfin réparer cet oubli et parler du cri de la lumière, parfum dont je trouve qu’il vaut bien mieux que son long nom que je trouve assez abominable. Ne vous y arrêter pas si vous êtes du même avis, ce qu’il y a derrière mérite que vous passiez outre.

Marc-Antoine Corticchiato connaît ses classique et sait faire un joli parfum, finement ciselé et exécuté, je n’ai jamais eu le moindre doute. Le côté rentre-dedans que j’évoquait est bien une signature, un effet de style, pas une maladresse. Il n’y a pas de maladresse dans ses compositions. Le cri rend hommage aux grands chypres de la parfumerie en les transposant dans une registre très contemporain et je trouve qu’il le fait d’une façon très juste, très équilibrée.

D’abord, il y a l’ambrette qui structure le parfum et qui lui donne un départ quelque peu fruité, légèrement aldéhydé, avec ses nuances d’alcool de poire. Ce n’est pas le genre de départ que j’affectionne spontanément, mais j’ai appris à l’apprécier avec le Ce soir ou jamais d’Isabelle Doyen pour Annick Goutal. Néanmoins, c’est un goût acquis, qui ne fera jamais chez moi l’objet d’un coup de foudre. Si vous faites la grimace, dites-vous que ça dure peu et que la suite vaut la peine de supporter cette liqueur un peu trop forte car le coeur du parfum est délicatement floral, très rose, avec une belle transparence. Alors qu’on nous  a fait subir d’insupportables roses vineuses, lourdes et écoeurante, sous prétexte de moderniser le chypre, Parfum d’Empire nous donne à contempler des pétales à contre jour, des pétales pris dans la lumière qui dévoile la richesse et la délicatesse de leurs nuances. Peu à peu, il y a la racine d’iris apparait poudrant légèrement le parfum qui a des allures un peu cosmétiques. Non pas la sempiternelles évocation rouge à lèvres et poudre, plutôt la crème à la rose. (J’ai un peu pensé à certaines crèmes Lancôme de ma jeunesse.)

L’ambrette est toujours présente, dans sa dimension musquée et se marie au patchouli et au vétiver en fond pour un résultat qui modernise le genre en le nettoyant, en l’épurant. Tout semble propre en transparent, sans pour autant tomber dans la lessive. La lumière est bel et bien présente dans ce chypre qui pourrait réconcilier les Anciens et le Modernes, les premiers pensant à des parfums comme Aromatics Elixir, les seconds à leurs odeurs de propre adorées. Pourtant, Le cri de la lumière n’a rien d’un compromis, il semble plutôt une troisième voie. Une voie dont j’aimerais vraiment qu’elle soit suivie.


Le cri de la lumière, Marc-Antoine Corticchiato pour Parfum d’Empire, 2017.

Commentaires

  1. Evidemment qu'on conseil Parfum D'Empire à ses amis et aux autres. C'est une des premières marques de niche que j'ai découvert (avec Annick Goutal et L'Artisan Parfumeur) et j'ai une véritable affection pour cette maison. Tous les parfums sont originaux et bien exécutés. Tout ça avec peu de marketing essayant de nous survendre quoi que ce soit. C'est vraiment plaisant d'avoir enfin l'impression de pouvoir acheter un joli parfum à son juste prix. Même si je n'ai pas aimé ce Cri, Wazamba, Ambre Russe et Cuir Ottoman font mon bonheur à la maison.

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    1. Je suis tombé dans la parfumerie (et la parfumerie de niche) bien avant la création de Parfum d'Empire, ça explique peut-être mon... Manque d'affection? (ce n'est pas très joliment dit) pour la marque alors mêeme que j'ai beaucoup de respect pour elle. Enfin, je croit surtout que je me confit dans les vieilles choses et que je freine vraiment face à la modernité, tout en admirant l'innovation. Bref, Parfum d'Empire, c'est un peu compliqué pour moi, il manque ce petite quelque chose qui me rendrait vraiment amoureux. (team vieux?)

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    2. Je suis assez d'accord sur le principe. Je me suis toujours intéressé (de loin) à la parfumerie, au moins depuis mes 10 ans. J'ai découvert assez tardivement la niche. S'il faut bien admettre qu'on peut y trouver de jolies choses (parfois originales, parfois techniquement parfaites), rares sont les créations (ou les maisons) qui me racontent une histoire. C'est aussi (et surtout) pour ça que je suis particulièrement attaché à une marque comme Guerlain (même si le patrimoine historique est aujourd'hui dévasté). Une fois qu'on a dit ça on fait quoi ? On se tourne vers quoi ? La niche, devenue pompeuse, ennuyeuse et terriblement hors de prix ou le mainstream qui veut notre mort à grand coup de glucose et de bois qui piquent ? On fait quoi hein ?

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    3. Moi, je passe beaucoup trop de temps sur eBay et ailleurs à chasser le trésor, la perle rare enfouie sous une couche de poussière qui encombre quelqu'un d'autre après avoir traîner au cas où et qui fera ma joie et mon bonheur. C'est un peu beaucoup passéiste, effectivement. Et puis on garde l'espoir aussi parce que, peut-être, ...

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