virilité art déco

« Et la sobriété qu’ils laissaient paraître semblait de celles qui viennent de l’obéissance à un régime, plutôt que du manque de gourmandise. »

Marcel Proust, du côté de chez Swann, à l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1919.

Lavande et vanille. Ou même lavande rosée et vanille ambrée. Mais enfin, pour un homme a le mérite de la belle simplicité. Pas du minimalisme ou de la pauvreté, on laisse ça à d’autre. Cet indémodable classique masculin passe encore très bien aujourd’hui : il est lisible et riche. Les jeunes lui reprocheront peut-être simplement sa discrétion, pourtant celle-ci va de pair avec sa distinction. La lavande est un peu cologne, la vanille très douce et le mélange sent bon le papa parfait en évitant de faire barbier. Pour un homme est absolument merveilleux, pour son chic, son élégance toute en retenue et aussi pour son côté plus tendre, enveloppant, câlin.

Heureusement qu’il est discret, car il est difficile de résister à Pour un homme. Il semble que l’envie de venir blottir son nez dans le cou de celui qui porte pour un homme soit immédiate dès que se laissent respirer les notes de fond. Cela n’a rien de sexuel. Quoique ? C’est juste une réaction à l’assurance douce qui se dégage de ce parfum qui sait qu’il n’y a pas besoin de faire de l’esbrouffe, pas besoin de jouer des biscotos pour exister.

Certains grands succès plus récents lui doivent beaucoup, dont le Mâle de Jean-Paul Gaultier. On regrettera que ces parfums n’aient retenu que l’idée de marier lavande et coumarine en oubliant toute notion d’élégante retenue. Ce qui a (peut-être) été gagné en séduction a été perdu en charme. On l’oublie parfois, souvent, sous une avalanche de postures aguicheuses, racoleuses, caricaturales, mais c’est important le charme.

Pour un homme, Ernest Daltroff pour Caron, 1934.