mais de quoi il cause...

Aujourd’hui, j’avais rendez-vous chez le dentiste (on va parler parfum, je vous rassure, je ne vais pas vous raconter ma vie.) et j’hésitais sur le parfum à porter. Là, c’est le point « la vie des perfumista est très compliquée, vous n’imaginez pas combien ! » Je pensais eugénol et je me suis dit qu’Opium, ce serait bien. D’autant que c’est l’automne et qu’il devient plus acceptable. Je le trouve très beau dans la chaleur, mais je ne tiens pas spécialement à l’imposer à quelqu’un qui va mettre une fraise dans ma bouche et qui pourrait trouver que j’exagère. Et la vraie question que je me suis alors posé est : « quelle version ? » Bien sûr, une version actuelle n’était pas envisageable pour moi, Opium reste un beau et bon parfum mais ce n’est plus Opium pour ceux qui ont connu sa splendeur. J’ai une version très ancienne et une version époque Tom Ford chez Saint Laurent. Cette version que j’ai choisie est encore bien belle même si retouchée, mais ce qui m’a interpellé en la choisissant et en la portant, c’est le travail qui a été fait autour du parfum…

La période Tom Ford chez Saint Laurent était plus ou moins glorieuse selon les points de vue. Je ne vais pas vraiment prendre de parti. Oui, c’était un peu violent, moins gracieux que le travail de Monsieur Saint Laurent, trop provoquant, sombre et vulgaire. Il y a plein de raison de ne pas aimer la direction prise, comme il y en a d’adorer, de trouver ça moderne, excitant, créatif… Mais en tous cas, je trouve qu’il y a eu un respect certain pour le produit, pour les parfums Saint Laurent, puisque c’est ça qui nous occupe sur ce blog. Flacon modernisé, nouvelle campagnes publicitaires très présentes, très marquantes. C’était quand même vachement mieux que de parler d’un classique à travers des flankers, plus ou moins moches, qui n’ont aucun rapport en termes d’odeur avec le parfum originel. Sous le règne de Tom Ford, Opium et Paris étaient des parfums modernes, pas des trucs de vieux, des classiques chiants, qu’on pouvait approcher pour rester dans le coup seulement sous forme de déclinaisons sucrée ressemblant à tout ce qui se fait cette année mais surtout pas à l’original. Avec pour résultat que les plus jeunes n’iront jamais vers l’original puisqu’elles sont persuadées de porter un chef d’œuvre classique en portant la déclinaison alors qu’on les renforce simplement dans leurs mauvais goûts de gamines immatures voulant sentir le paquet de bonbon, et  les anciennes clientes se détournent des classiques pour rester jeunes et dans le coup. (Qu’on l’apprécie ou pas, être jeune, rester jeune, est l’une des valeurs clef de notre moche d’époque ou vieillir est devenu une tare. De façon un peu suicidaire, puisque, je suis désolé de vous l’apprendre, ça nous arrive à tous.)

Pour Opium, ça a bien fonctionné. Moins pour Paris qui se prêtait assez mal au jeu du porno-chic. C’est un parfum qui est sentimental au possible, élégant aussi, dans une certaine mesure, bourré de qualités, mais qui n’a rien de choquant ou de provoquant Impossible de prétendre qu’on est une bombasse ou une bad girl en Paris. Même en forçant, ça ne passe pas. 

Pour le coup, je ne vais pas râler sur les marques et les services marketing. Bien sûr, ils font des choix, ils prennent des directions qu’on peut ou pas approuver, mais il faut aussi regarder d’autres aspects du problème et accepter de se remettre en cause. Je ne vais pas me remettre en cause comme client, parce que, de la vieillerie démodée et du grand classique, j’en achète à la pelle. (Parce que ce qui est beau tend à disparaître de nos jour et qu’il FAUT FAIRE DU STOCK !) Le problème, c’est plutôt dans la presse et les blogs qu’il se pose. (Je vais surtout parler de blog puisque j’ai un blog.) De quoi on parle ? En fait, pour nourrir un blog, un magazine, on a besoin de quelque chose dont il faut parler et on parle majoritairement de nouveautés parce que c’est ce qui attire les gens. Et parce que c’est ça qui génère des rentrées publicitaires/partenariats, parce que ça fait plaisir aux marques qui invitent pour des événements, etc. Je m’en fous un peu de faire des vue et je ne fais pas de « collaborations » sous quelque forme que ce soit, je ne reçois même pas les nouveautés. Mais la tentation est là de suivre l’actualité. Même si parfois on peut commettre des erreurs parce qu’on manque de recul. Et dans un sens, quand on aime, ça fait tellement plaisir et on a tellement envie que ça fasse un succès… Mais ça nourrit le système, qu’on dise du mal ou du bien. (Assumons de faire partie du système !)

Oui, il faudrait, il faut parler des vieilleries, même si un flacon de Givenchy III aura toujours moins de « likes » sur Instagram que le dernier Chanel. Parler de vieilleries, de classiques en fait, même si on radote et que ça intéresse moins les gens, parce que, même si on l’a déjà dit, les gens n’iront pas fouiller les archives pour relire les vieux billets. Il faut parler de ce dont on voulait parler au départ parce que ça nous semblait important et parce que ça l’est toujours. (Oui, je sais, j’ai un blog parfum, en termes d’importance, c’est peut-être à relativiser, mais si après autant de mots lus sur le sujet vous êtes toujours avec moi à la fin de ce billet, c’est que vous êtes un peu d’accord quant à l’utilité du Beau !) Il faut parler de vieilleries avant qu’il ne soit trop tard. Parce que c’est maintenant qu’il est encore en vente Paris peut être défendu, pas quand il sera discontinué, pas quand il sera odieusement lifté pour des raisons d’économie ou de modernité.

Commentaires

  1. Mon cher Dau, je me rapelle bien de cette pub d'Opium où une femme pas tellement maigre que ça apparaissait toute nue, je la trouvais magnifique, j'utilisais Opium que j'aime encore mais que je n'utilise plus et la pub me donnait encore plus envie de l'utiliser. En principe un corps nu devrait être moins sensuel qu'un autre où on laisse entrevoir plus que l'on montre mais pas dans ce cas-là, cette peau blanche, ces cheveu ambrés-acajou, ce personage qui se laisse aller... J'adorais.
    Paris j'aime toujours le sentir sur des amies, des femmes plus agées, et je ne veux pas que l'on oublie, il faut en parler, il faut l'acheter, en faire cadeau.
    Je n'aurais pas aimé que Je Reviens disparaisse, c'était le parfum de ma grande-mère, nous avons essayé de trouver des flacons jusqu'en 2013, je ne voudrais pas oublier la senteur. Je garde un tout petit flacon pour me la rappeler de temps à autre.
    A très bientôt!
    Sara

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  2. Bonjour Sara,

    Cette campagne avait beaucoup fait parler d'elle parce que Sophie Dahl était "grosse" enfin, mannequin grande taille. L'abandon a toujours caractérisé les campagne publicitaire pour Opium, le parfum de "celles qui s'adonnent à Yves Saint Laurent" depuis la première avec Jerry Hall. Avouons qu'opium avait tout pour faire parler de lui. (Et n'avait vraiment pas besoin de Black!)
    Oui, il faut parler, offrir et faire acheter. sinon, c'est nous qui condamnons à mort...

    à bientôt

    Dau

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