Chanel en Vogue

“Mademoiselle n’a pas été sans remarquer que j’ai de la lecture et que je m’intéresse à toutes les vieilles curiosités…”
Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, la prisonnière, 1923.

J’aime beaucoup la série d’ouvrages « vu par Vogue » consacrés à des couturiers. Ce sont de petites choses, faciles à lire, qui utilisent les archives de Vogue pour explorer le travail de l’un ou l’autre créateur. Ce sont de charmants « coffee table books », ces ouvrages qu’on laisse traîner sur un meuble pour les feuilleter à l’occasion parce qu’ils présentent de jolies illustrations, mais ici en format poche pratiquement. Pour les gens qui vivent en studio ? Le dernier acheté est celui consacré à Gabrielle Chanel et je me rends compte que je l’ai acheté en anglais alors que j’avais les précédents en traduction française. Ce n’est pas vraiment un souci, c’est de l’anglais très lisible, même quand on n’est pas particulièrement doué en langues. (C’est mon cas, je ne suis pas doué du tout.)

Ce qui est intéressant, c’est que le point de vue est celui du magazine, celui des publications passées, pas celui des archives d’une maison de couture, des pièces consultables, photographiables, reproductibles. On est plus proche de l’instantanéité d’une époque passée et on a moins le filtre du présent. Dans le cas de Chanel, on parle énormément du jersey, des poches, des aspects pratiques des tenues des années ’20. Plus que du retour, du tailleur, etc. « Ce qui était dans le magazine à l’époque, c’était ça ! » et non « ce qu’on retient aujourd’hui, c’est ça. » C’est un peu plus de l’histoire et du coup, les tenues semblent un peu plus datée parce que, justement, on ne met pas leur modernité, les éléments susceptibles de nous plaire aujourd’hui en avant. Ça n’a l’air de rien, mais c’est important, pour moi, pour comprendre une époque, un style. Et, pour ça, cette collection est vraiment réussie.

En outre, pour Chanel, c’est moins vrai pour les plus tardifs Balenciaga et Dior par exemple, l’illustration compte pour une part très importante, plus que la photographie. Et je trouve cela beau, bien sûr, mais également bon pour comprendre comment une époque appréhendait la mode. Ces livre traite aussi du magazine, indirectement, et ils aident à comprendre comment le média peut filtrer la mode, l’influencer, par sa façon de la représenter. Et quelque part, ces petits livres qui n’ont l’air de rien, nous aident à réfléchir un peu notre rapport à la mode, à la façon dont nous la consommons. Pour moi, ils sont de vrais coups de cœur, jolis et intéressant, même si ce n’est pas de la grande analyse encyclopédique, mais ça ne prétend pas l’être, et qui plus est à moins de 20€ le volume, on se laisse facilement tenter.

Mais, vous, aimez-vous les coffee table books?

Vogue on Coco Chanel, Bronwyn Cosgrave, Quadrille publishing, 2016.

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