“Et elle s’engagea pour le retour dans de petite allées sinueuse où les arbres d’hiver, habillé de lierre et de ronces comme des ruines, semblaient conduire à la demeure d’un magicien.”
Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, la prisonnière, 1923.
Le premier parfum Margiela a fait parler de lui à sa sortie et reste en retrait, sagement, dans les rayons des parfumeries depuis. Il a trouvé son public, sa petite troupe de fidèle qui l’adorent et le rachètent. La question qui divisait en partie au moment de sa sortie était « Mais est-ce bien un parfum de niche ? » On lui reprochait de venir du grand méchant groupe l’Oréal et de voler la place des indépendants dans les parfumeries spécialisées. Je pense que la capacité des indépendants à se vendre à de grands groupes a démontré que le débat ne devait pas se situer là, mais qu’il était bon d’en rester à l’odeur. À côté d’une déferlante de gourmandise, de vanille et de oud, dans la plupart des marques de niche, Untitled peut faire figure de résistant !
Daniela Andrier signe le parfum. Et quand je dis qu’elle le signe, je ne mens pas, on peut reconnaître sa signature, très distinctement dans les notes de fond… Mais commençons par le début ! Au départ, il y a le galbanum, laissé dans toute sa radicalité : vert sombre, résineux, terreux, à peine lancé par des agrumes amers, souligné d’encens. On distingue à peine les fleurs, on pense au buis des cimetières. C’est une note verte qui se montre, raide, sortant du sol, sans feuillage, par un matin d’hiver. Il n’y a là, rien de poétiquement joli, de racoleusement séduisant. C’est moderne, un peu austère. Comme une brume, la signature musquée de Daniela Andrier, vient arrondir un peu les angles, donner une espèce de confort savonneux au parfum…
Untitled n’est ni facile à aimer, ni facile à porter. Il refuse les compromis, la mode et la séduction de la mignonnerie. Sa façon d’être à contre-courant est bien niche. Il semble coller à cette citation de Gabrielle Chanel "l’élégance est un refus." Il est austère, mais c’est un dépouillement volontaire, pas de la pauvreté, et surtout pas de la pauvreté d’esprit, s’il est raide, c’est peut-être qu’il vise haut. J’avoue, je l’aime bien dans mes jours de mépris. Mais aussi quand le froid est là, que l’hiver épure le paysage, le réduit à l’état d’esquisse noire et blanche parsemée des taches vertes des persistants. La vie semble cachée; toute intérieure, elle laisse rêver, imaginer.
Pour porter Untitled, il suffit de ne pas avoir froid aux yeux, alors, sa magie particulière peut nous empoter, nous enchanter.
Untitled, Daniela Andrier pour Maison Martin Margiela, 2010
Bon après-midi Dau,
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup Untitled, c'est une senteur qui fait partie de mon "vestiaire olfactif". En ce moment la chaleur semble avoir quitté la Péninsule Ibérique (l'Espagne et le Portugal) et a laissé la place à la pluie, ce n'est donc pas encore le climat parfait pour les senteurs vertes mais le moment approche...
Il m'arrive avec ce jus comme pour bien de senteurs vertes et de sous-bois, j'aime le parfum d'origine ma mère préfère l'Eau (untitled l'eau). Chez Sisley, j'utilise l'Eau de Campagne Vintage (flacon 122 ml translucide) ma mère l'Eau de Campagne actuelle (100 ml flacon transparent). Chez Annick Goutal Ma mère choisit Eau d'Hadrien je lui préfère Eau du Sud (dans ce cas pour les deux le flacon carré aux lignes épurées (et meilleur marché, bien sûr ;))
A très bientôt!
Sara
Bonjour Sara,
SupprimerAu moins, dans la famille, les choses sont claires: le parfum est en héritage, avec de subtiles variations, mais quand même! Chez moi, rien de tout ça, le parfum, on s'en fiche un peu dans ma famille... ça me manque un peu, mais ça laiss place à la liberté, ce qui est bien aussi.
Quand au vert, oui, je confirme, les grosses chaleur, c'est non. L'idéal, c'est le froid sec, pour moi...
à Bientôt
D