"On sentait que le Bois n’était pas qu’un bois, qu’il répondait à une destination étrangère à la vie de ses arbres, l’exaltation que j’éprouvais n’était pas causée que par l’admiration de l’automne, mais par un désir..."
Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, du côté de chez Swann, 1913.
Le soir, il est doux de se lover sur son canapé, avec une tasse de thé, et de savourer les effluves d’une bougie… Et forcément dans l’obsession du moment, il en fallait bien une au patchouli. Celle de Dyptique m’a toujours tenté, mais je n’ai jamais sauté le pas, peut-être la crainte d’être lassé d’une senteur pur patchouli. Chez Guerlain, à chaque passage en boutique, je sentais Forêt de Sumatra sans me décider à l’achat. Boudoir Vénitien est ma valeur sûre avec ses jolies notes de poudre rosée, le genre d’odeur dont je sais que je ne risque pas de me lasser. Mais finalement, j’ai craqué sans une once de regret.
Décrire cette bougie comme un patchouli est un peu réducteur, le nom est particulièrement bien choisi, c’est bien une forêt, une forêt imaginaire et poétique, une idée de forêt. Le patchouli s’appuie sur des notes boisée et florales pour jouer les feuillages, les verdeurs, et la terre humide. C’est exotique et pénétrant. Présent mais pas trop. Le patchouli ne doit pas faire peur, on n’est pas dans la grosse bougie envahissante et lourde. Tout est fait avec subtilité et même préciosité: la forêt, certes, mais de conte de fée ou d’opérette, sans danger, où les animaux vous parlent courtoisement, où nymphes et bons génies peuvent surgir pour mieux vous séduire, mon enfant. Guerlain est plus proche de Perrault que de l’explorateur ou de l’ethnologue, ce n’est pas moi qui m’en plaindrai.
Foret de Sumatra, bougie parfumée, Guerlain.
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