“L’atmosphère y était si sympathique, si cordiale, le repos si réconfortant, que, quand Monsieur de Charlus, avant de s’endormir, était venu s’y délasser un instant de ses soucis, il n’en sortait jamais sans un sourire.”
Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, la prisonnière, 1923.
Faire partie du jury Olfactorama peut être une épreuve. On teste sur peau (à l’aveugle cette années) des choses d’une laideur incroyable. Diesel only the brave machin chouette, par exemple, qui sent le nylon imbibé de senteurs « testostéronée » façon racaille en mal de virilité. Ou le très vilain Rosabotanica de Balenciaga qui équivaut à un récurage du nez à l’Ajax WC. Heureusement, il y a surtout de jolies choses et de sacré rattrapage dont cet opus d Burberry à côté duquel je serais lamentablement passé parce qu’il revendique des nuance « rock » et que je ne suis pas très rock, qu’il cause lavande et que je n’aime pas la lavande… En fait rien ne fonctionne dans la communication. On s’attend à autre chose. Il eut été parfait avec la parfaite communication de My Burberry, le parfum ou tout le discours était juste et joli, même l’idée du parfum, mais ou le jus était un peu raté.
Parce que Burberry Brit Rhythm est tout à fait mon genre, un joli parfum à l’ancienne presque. Les nez semblent avoir volontairement joué une partition qui n’était pas rock, mais plutôt Angleterre éternelle. Le départ n’est pas ce qu’il y a de plus intéressant, frais et oubliable quoiqu’agréable, c’est assez « tradition » comme attitude de ne pas tout miser sur les premières minutes. C’est ensuite que le miracle se produit, lorsque la lavande -oui, oui, c’est bien elle- commence à se montrer, sans faire son show, de façon très polie et très aimable. Et très rétro. Sans miser sur les note aromatiques ou barbier habituelles, mais en la jouant cosmétique, un peu crème et un peu poudre. J’ai adoré ! Je me suis lové dedans comme dans mon maxi carré en cachemire. C’est LE parfum casual chic par excellence. Du confort, aucune prétention, aucun bling-bling, mais une jolie matière. Une histoire de richesse intérieure plutôt que de signe extérieur de.
Je l’avais emporté pour un week-end au bord de la mer en Normandie. Et c’était parfait. Le juste mélange de cool et d’élégance. Un parfum qu’on porte pour soi, parce qu’on se sent bien dedans, mais qu’on sera fier de laisser sentir dans notre nuque. Un parfum qui a un air rétro mais qui est vraiment nouveau, avec une identité et une personnalité propre dans lequel il fait bon se balader ou traîner au coin du feu avec un bon livre. Un parfum qui sonne juste, comme un tissu un peu rugueux au départ qui a fini par se faire à nous et devenir le plus doux et le plus confortable de notre collection. Et finalement, oui, j’aime la lavande et, même, elle peut me faire sourire!
Burberry Brit Rhythm, Nathalie Gracia-Cetto et Antoine Maisondieu pour Burberry, 2014.
Ciel que tu en parles bien! J'ai hâte d' humer maintenant...Ceux qui font la com ne l'ont certainement jamais senti...
RépondreSupprimerJe l'aime vraiment beaucoup... Bah, je crois que la com est décidée avant même qu'on ne travaille au jus. Je pense que c'est assez facile de partir dans des directions différentes à partir du brief initial. Tant mieux pour nous puisque ça nous donne un joli parfum!
SupprimerEt comparé à Gris clair, que j'adore, qu'en dirais-tu?
RépondreSupprimerJe connais mal gris clair, mais c'est un registre très différent. On est plus proche de choses anciennes et pas lavande, je trouve. Ce qui dans le fond les rend peut-être complémentaire parce que pas du tout redondant.
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