K« …préférant infiniment à celle d’Odette, la beauté d’une ouvrière fraîche et bouffie comme une rose… »
Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, du côté de chez Swann, 1913.
Ce titre pourrait être celui d’un nouveau blog, mais je vous rassure, je vais, ainsi qu’à moi-même, vous épargner ça. Non pas que je n’ai d’intérêt pour le mode et le vêtement, simplement je ne me vois pas jouer les mannequins et je n’ai pas un style suffisamment flamboyant ou intéressant que pour être photogénique, je le trouve plus adapté à la vraie vie qu’à des pages mode. Reste le texte, je suis de toute façon plus à l’aise avec les mots, et ils me manquent d’ailleurs dans les magazines qui sont devenu trop visuels et faciles à mon goût. Je préfère poser un petit billet chiffon, ici de temps à autre. Je trouve que ça ne choque pas, que cela fait partie d’un univers qui mérite d’être un peu élargi pour ne pas tomber dans la monomanie et la répétition…
J’aime le denim. C’est assez récurrent depuis mes premiers jeans alors que j’étais à l’école primaire, mais cette année, c’est un peu plus: les étoffes pauvres ont toujours eu ma préférence et je trouve qu’il vaut mieux un beau et bon coton bien coupé qu’une matière précieuse mal taillée et qui n’est pas de la meilleure qualité. (La modernité en apportant l’élasthanne et le lycra a surtout permis de faire des économie en bâclant un peu plus les coupes de la confection où plus personne ne sais ce que c’est le biais.) J’aime la façon dont le jeans vieillit, dont il se patine; je ne l’achète que brut pour qu’il se personnalise et vive longtemps, je n’aime pas ces jeans modernes, personnalisés par des stylistes, sans d’âme et d’une piètre qualité. Finis le temps ou un jeans durait des années.
Heureusement qu’en payant un peu plus cher, on parvient à trouver des imports solides et résistants, du bon vieux denim d’autrefois. D’ailleurs, c’est l’occasion d’en revenir aux origines du jeans en tant que vêtement de travail. Vive les vestes de chantier et les pantalons de charpentier! C’est mon côté prolétaire chic qui refait surface. J’aime l’idée qu’un vêtement vieillisse avec moi. Pour longtemps. Qu’il soit hors mode. Dans le style. Et qu’il ne ressemble qu’à moi parce que je serai le seul à l’avoir porté, que les marques d’usure, de décoloration seront uniques. J’aime l’idée qu’un vêtement solide deviendra une pièce vintage en vieillissant avec moi.
Dorothea Lange, ouvriers, 1939 |
Alors, avec du denim, quel parfum ? Le premier à s’être revendiquer « le parfum du jeans » : Diorella. Effectivement, l’idée d’eaux chyprées, de cologne chic, est parfaitement dans le ton. (sur ton) Ce style a triomphé dans les années ’70 qui ont beaucoup porté le jeans. Cool, décontraction, effortless chic ou swagg, comme vous voulez. Mais, personnellement, j’apprécie beaucoup certains aldéhydés savonneux: White Linen ou Melograno colle parfaitement dans un esprit « travailleur qui sent bon le savon : pauvre mais digne. » (Je trouve le monde du travail des années ’30 plus inspirant en termes d’allure que l’esprit bohème chic des seventies qu’on nous ressort à longueurs de collections peut-être parce que mes souvenirs de ces années-là n’ont rien de chic… Et j’apprécie le décalage de toute façon.)
Ne pas hésiter non plus à la jouer couture avec Le Dix ou cocotte Belle Époque avec l’Heure Bleue. Le contraste rend les choses plus inattendues, plus surprenantes. Alors qu’en soi, en dépit de leurs beautés respectives, Le denim et l’Heure Bleue n’ont plus rien de surprenant. Sauf qu'ils sont toujours là et qu'on ne s'en lasse pas...
Bonjour Dau, cela fait déjà un bout de temps que je n’écris rien sur ce blog.
RépondreSupprimerLe denim je l’use tous les jours sous forme de pantalon, j’en ai plusieurs, de deux couleurs bleues différentes (bleu encre noire ou bleu tout court) je les achète bien neufs, durs au toucher et je les vieillis en les endossant. Jamais je ne songerais à acheter un denim “lavé à la pierre” (c’est ce qu’il y a de plus vulgaire), et que dire de ces denims vendus à des prix exorbitants qui arborent des déchirures? En ce qui concerne la coupe je les aime plutôt classiques (la jambe de pantalon droite, qui ne risque pas de me coller aux jambes).
En ce qui concerne les parfums, je pensé plutôt à un gros bouquet floral, des odeurs qui s’épanouissent sur la peau et le coton (le coton du denim, de mon T-shirt ou de mon corsage). Il y a aussi les grands chyprés verts, hautains et qui ne révèlent leur personnalité qu’au fil des heures.
Comme d’habitude je vous lis avec plaisir même si je n’ai pas le temps de vous répondre.
Sara
Bonjour Sara.
SupprimerPour moi le lavé à la pierre passe encore... (tant que ce n'est pas pour moi!) L'horreur, c'est effectivement le déchiré-taché et je me suis demandé ce qui avait pu passer par la tête d'un styliste un jour en voyant une salopette vendue fort chère et qui ressemblait à une tenue de mécanicien usagée avec accrocs, déchirure et trace de cambouis. Je suis persuadé d'arriver au même résultat à moindre frais en demandant à mon garagiste si je peux me rouler par terre dans son atelier.avant que le nettoyage soit fait. Que certains achètent ce genre d'articles me dépasse complètement, mais les mystères de la mode sont insondables et ses voies ne sont pas nécessairement celle de l'élégance...
Et comme toujours, c'est un plaisir de vous lire.