"…nous luttions, arc-boutés. Je tâchais de l’attirer, elle résistait ; ses pommettes enflammées par l’effort étaient rouges et rondes comme des cerises ; elle riait comme si je l’eusse chatouillée ; je la tenais serrée entre mes jambes…"
Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, à l’ombre de jeunes filles en fleurs, 1919.
Bois Lumière, Anatole Lebreton |
Après l’Eau Scandaleuse, Anatole Lebreton récidive avec une autre pépite qui envoie du lourd : Bois Lumière n’est pas une petite chose timorée. L’inspiration serait un paysage brûlé par le soleil, je veux bien, mais il s’en passe de belles dans ce paysage !
Le départ est tout miel, pas poisseux, sans lourdeur, effectivement, nous sommes au grand air, mais ce miel à des relents d’urine. Le genre de chose qui effraye la prude Amérique mais qui sait encore séduire sur le vieux continent ceux qui ont connu les jours glorieux de la parfumerie du XXème siècle. Au grand air, mais derrière les buissons, un peu caché de la route derrière les toilettes. Là où les mauvais garçons se donnent rendez-vous pour jouer entre eux à des jeux que la morale réprouve…
Car monte dans l’air le parfum de l’immortelle. Senteur d’épice un peu brûlée, senteur de peau chauffée au soleil, senteur légèrement sueur du corps nu. Ça se passe dans le sud et le soleil est ardent, mais ne vous y trompez pas, ce n’est pas le soleil qui donnent à ces garçons de tels émois, de telles roseurs, mais bien la caresse de l’autre. On se touche, on s’embrasse, on se met un doigt (et plus si affinités), sans se parler, sans échanger n° de téléphone ou nom.
Bois Lumière est un parfum brutal, de pur désir, de pures sensations physiques. Surtout ne cherchons pas à l’intellectualiser, contentons-nous d’en jouir. Là où État Libre d’Orange échouait, Anatole Lebreton réussi brillamment : le parfumeur est culotté et son parfum sans culotte. Les nostalgiques de My Sin et autres turpitudes odoriférantes devraient adorer. (Je lui réserve le même traitement : il m’en faut, mais je porte avec parcimonie.)
Bois Lumière, Anatole Lebreton, 2014.
C'est drôle parce que chez moi le parfum sans culotte c'est l'Eau scandaleuse ^^ la dernière fois j'en ai fait un décant le soir et je me suis endormie avec du coup...et mes rêves auraient fait rougir un présentateur du journal du hard :p
RépondreSupprimerAlors que ce Bois lumière il m'évoque plutôt une gros chat fauve qui aurait pioncé en plein été sous un buisson d'immortelles.
L'Eau Scandaleuse est très chargée aussi, mais je la vois plus fétichiste que consommatrice. Quoique, lors de certaines parties fines, elle trompe son ennui...
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