si je veux! (et c'est pas gagné.)

“Celui-là est un peu agaçant parce qu’il est amoureux, il croit devoir prendre des airs mélancoliques”

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le côté de Guermantes, 1921.

Février et la Saint Valentin. Et partout déferlantes des roses les plus écœurants qui soient, et avalanches de conseils pour plaire à l’amour de votre vie. Ça va bêtifier et pontifier en ressortant les clichés les plus éculés sur ce qui plaît aux hommes et sur ce qui fait chavirer les filles… Ramassis d’insupportables sornettes qui voudraient faire de nous de parfait petit objet en nous enjoignant d’être en permanence dans la séduction. Pas de ça ici ! Pas de vanille enveloppante et de et de muscs envoûtants sur ce blog ! Parce que ça ne me ressemble pas et parce que, merde !, non, je n’ai pas envie et je ne me forcerai pas. Par contre, si vous voulez des conseils pour faire baisser la température de dix degré quand vous entrer dans une pièce, il se peut que je sois votre homme !

Alors, voici ma petite sélection de parfums qui feront que le soir du 14 février et tous les soirs qui nous chantent, nous ne jouerons pas la bête à deux dos. Oui, c’est mal, tout ça, ce n’est pas sympa. Et alors ? Qui a décrété que nous devions être gentils ? Être une chaudasse ambrée, c’est beaucoup plus aimable, je suis d’accord. Mais se mettre à quatre pattes et gémir "prends-moi" au premier qui vous dit bonjour n’est pas forcément une attitude respectable même pour celles et ceux qui sont moins vieux jeu que moi. Salope frigide si je veux, c’est aussi ça la liberté sexuelle au XXIème siècle.


HEure Exquise, Annick Goutal
Iris et galbanum sont une des bases de la frigide attitude : un duo sur lequel on peut toujours compter en cas de sollicitations mal venues pour remettre le malotru à sa place. Le N°19, Chanel, a lancé le jeu : parfum d’intellectuel qui a toujours raison, il ne s’est jamais encombré de séduction, la perfection de son raisonnement l’en dispense largement. Le Bas de Soie de Lutens en forçant la jacinthe va plus loin et n’hésite pas à forcer sur l’argument d’autorité en exigeant que l’autre rampe. L’Heure Exquise de Goutal à des roseurs bien plus aimables, mais ne vous y fiez pas, toute tentatives aboutirait à une verte remise en place d’épouse et de mère outragée qui n’est pas « celle que vous croyez » et vous renverra chez vos cocottes.

First, Van Cleef & Arpels
Plus subtile, il y a la majestueuse attitude du bouquet qui fait bien comprendre au soupirant qu’il n’a rien à espérer de vous et qu’il peut s’estimer heureux que vous le laissiez mourir d’amour à vos pieds. First, Van Cleef & Arpels, est parfait pour ça, il a le jasmin hautain et sa tiare d’aldéhydes qui scintille à son front écrase le vulgum pecus d’un indéniable mépris. Autres fleurs blanches qui peuvent jouer la froideur : les lys. Grand Amour, Annick Goutal encore, en dépit de son nom, n’hésite pas non plus à la jouer grandesse en posant son bouquet dans un vase Ming sur une commode Louis XV, histoire de faire comprendre que, « non, très cher, nous ne sommes pas du même monde. » Pas de bagatelle pour cette Pompadour qui ne cédera pas. A moins qu’elle ne trouve un roi dans son salon et ne décide de lui accorder une épiphanie ou, quand et si, bon lui semblera. 


Jean-Louis Scherrer
Plus bourgeoise, White Linen d’Estée Lauder exécute le programme que son nom lui impose : comme le lin, le parfum est sec et raide. L’effet savonneux/ bien repassé/laqué décourage le geste leste, tant on n’ose encourir son courroux en cas de froissage involontaire de sa dignité d’épouse modèle. L’esprit est à peu près le même chez Scherrer avec une impossibilité de froisser un tailleur couture qui tombe si bien. Chacun comprendra que si vous l’avez enfilé, ce n’est pas pour le plaisir de le retirer mais pour celui de contempler votre propre perfection dans les miroirs.

Il y a donc une multitude d’options qui n’implique pas d’être « sexy », un terme que je déteste tant il m’évoque la minette pop, mais qui mettent à l’honneur d’autres valeurs telles l’élégance et la beauté. Bien sûr, en portant ça, nous allons être sublimes. Et ? Je n’ai jamais évoqué la possibilité de devenir le remède contre l’amour. Juste ce luxe de pouvoir dire non à une cour d’adorateur.





Commentaires

  1. Bonjour Dau,
    Si je dois "saisir" des parfums de cette sélection sans doute je choisis l'Heure Exquise pour ce côté romantique froid, First qui reste transparent et luit sa splendeur en nous rappelant l'esprit de ce créateur exquis qu'est JC Ellena puis le Scherrer si vert si hautain.
    Comme toujours je suis vos conseils et donc j'ai testé à nouveau cet Aromatics in White de Clinique que je commence vraiment à m'approprier, sans pour autant oublier cet Aromatics Elixir qui me sied si bien dans cette température glaciale.
    Très cordialement,
    Sara

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    1. Si on pense que c'est autre chose qu'un flanker, je lui trouve du charme à cet Aromatics. De plus en plus. Et il est bien dans la lignée de parfum comme la Panthère ou Narciso qui tente de renouveler le genre classique, de le rajeunir mais sans avoir la pauvreté de ces parfums si à la mode actuellement qui misent tout sur un accord rose patchouli un peu sec ou des fruits rouges... Je trouve assez encourageant de voir de tel parfums sortir et je leur souhaite du succès.
      Pour cet été, si ça se trouve, nous serons tous les deux "in white" ;-)
      à Bientôt
      D

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  2. Boujour Dau,
    Bon, je l'avoue, mes goûts m'orientent vers la "chaudasse ambrée". Mais je suis "chaudasse ambrée" pratiquement tous les jours de l'année. Par contre je déteste la Saint-Valentin. La fête des mères, je trouve limite insupportable commercialement, mais la Saint-Valentin, c'est la définition du "piège à c...". Quand j'étais célibataire, et ça m' a duré longtemps, c'est limite si on me taxait pas de tare génétique, je fuyais ces "bonnes" copines qui feignaient d'afficher une fausse expression de désolation (la pauvre elle est toute seule le jour de la Saint Valentin) heureuses en leur for intérieur que ce ne soit pas elles et sans remarquer que leurs chéris, pour la plupart, subissaient cette célébration commerciale et qu'elles leur avaient un peu forcé la main...
    Puis j'ai rencontré mon "Valentin", ça tombe bien, il est allergique à cette fête : on reste "sagement" chez nous le 14 février; on n'attend pas d'être avec les gogos pour aller au restaurant ou pour se faire plaisir (heureusement d'ailleurs !!!).
    Pour parler parfum, l'Heure exquise, le n°19 (que je préfère largement au n°5 maintenant) ou First sont pour moi des révélateurs de personnalités : quelques grammes de classe, d'aristocratie noyés dans l'océan de vulgarité olfactif qui nous inonde de nos jours. Sentir différemment des autres, n'est-ce pas le meilleur moyen d'attraper l'âme soeur, celui qui sera percer à jour notre secret ?

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    1. Quand je me parfume, c'est tellement égoïste que je peux honnêtement dire que je me fiche de l'âme sœur. D’ailleurs, je n'ai jamais vraiment considéré mon parfum comme un outil de séduction. Il fait tellement partie de moi que c'est un tout qui plait ou pas.
      Franchement, je n'ai rien contre les parfums chauds à la base mais, outre le marketing piège à cons qui joue élégance et séduction à tous les coups, je trouve qu'ils sont un peu sur représentés. Ou alors, on a droit à la fraîcheur insignifiante et insipide mais on trouve vraiment peu de beaux parfums très construits qui explorent les facettes froides de la beauté.

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  3. Dominique, merci pour cet article qui vient d'égayer mon après-midi de quelques francs éclats de rire.
    Halte à la dictature de la séduction. Mes parfums de chaudasse (et tu sais à quel point je les affectionne), c'est comme mes seins, je les montre si je veux.

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