débutante


"Voyez-vous, me dit-elle, j'arrange maintenant mes cheveux comme vous les aimez, regardez ma mèche. Tout le monde se moque de cela et personne ne sait pour qui je le fait. Ma tante va se moquer de moi aussi. Mais je ne lui dirai pas non plus la raison."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, à l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1919.

Flowerhead avant Fracas. La jeune fille avant la femme, la bombe sexuelle qui n'a pas encore explosé, l'hystérie qui couve. La sensualité propre à celle qui n'a pas encore consommé l'union. 

C'est une débutante qui se rend au bal, à la recherche d'un mari, toutes séductions dehors mais avec une modestie de bon aloi: pas de fourrure, pas de diamant, un décolletage modeste. Les yeux baissés ou presque. Les manières d'une vraie jeune fille Et l'intention de plaire, de lui plaire. Quelques notes de baies et de citron et les fleurs: jasmin et tubéreuse avec une pointe de rose pour le romantisme. Le bouquet est un peu sucré, mais à l'ancienne, à la façon du Fracas de Piguet ou du Beautiful d'Estée Lauder, pas question ici de bonbons chimiques et de confitures de synthèse, la robe est en mousseline blanche, pas un petit haillon noir. Et surtout, des nuances de vert, une jolie humidité fraîche.

Le parfum est plein de promesses et d'attentes. Peut-être bien moderne tout en respectant un schéma classique qu'il semble avoir épuré. Certain lui reprocheront peut-être d'être un peu linéaire mais une complexité trop savante n'aurait point convenu au personnage, l'aurait transformé en caniche enrubanné ou en pétasses à logos strassés. 

Personnellement, j'ai peut-être un peu passe l'âge des bals pour un rôle autre que celui de chaperon. Un rôle qui me convient car il consiste, comme le dit Jane Russel dans les hommes préfèrent les blondes, à empêcher les autres de s'amuser, mais personne ne chaperonne le chaperon. Mais je trouve bien du charme à ce parfum, qui comme le Baisé Volé de Cartier, renouvelle le thème du "parfum pour jeune fille" en évitant de sombrer dans la sensualité vulgaire de la Lolita qui se gave de bonbons en mimant une fellation.

Flowerhead, Jérôme Épinette pour Byredo, 2014.

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