"Je ne l'ai pas oubliée"

"Je n’ai jamais retrouvé ni identifié la belle fille à la cigarette. Mais je ne l’ai pas oubliée. Il m’arrive souvent en pensant à elle d’être pris d’une folle envie."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le côté de Guermantes, 1922.

On parle de certains parfums à leur sortie puis on les oublie doucement. Voilà pour moi une bonne raison de ne pas vouloir me précipiter trop, de ne pas vouloir suivre à tout prix l’actualité au profit de mes seuls coups de cœur, parfois à retardement, parfois immédiats. Volutes avait été un immense coup de cœur avant même sa sortie : senti sur touche, je l’ai aimé immédiatement et l’émotion est la même à chaque fois que j’ai l’occasion de le sentir. 

Volutes, eau de parfum, Diptyque
Une note de tabac miellée mariée à un bel iris sur un fond d’épice. Non pas un parfum, mais une ambiance, celle de ces lieux qui autrefois, à travers les empires coloniaux, reconstituaient l’ambiance de l’Europe. Des rideaux tirés pour tamiser l’ambiance, se protéger de la chaleur, des boiseries aux murs, des fauteuils de cuir, une ambiance de club ou il fait bon fumer et l’exotisme qui s’infiltre en douceur. L’iris, c’est la présence d’une jolie femme dans son vêtement de voyages en lin crème, chapeau cloche sur la tête, joues poudrées. C’est aussi la nostalgie de cette époque par ceux qui sont rentré à la métropole et cherchent à recréer cette ambiance des pays lointains où ils ont été heureux. C’est peut-être du justement à la présence de cette femme, un peu mystérieuse, comme le sont toutes les belles déracinées. On  devine sous la peau burinée du vieux briscard, le cœur du romantique.

Peut-être encore meilleur à sentir sur un autre que sur soi. : sur une peau aimée, Volutes prends des accents, de pain d’épice fumé, des nuances de goûter pour adulte absolument irrésistible. Volutes parle peut-être bien d’amour finalement.


Volutes, Fabrice Pellegrin pour Diptyque, 2012.

Commentaires

  1. Bonsoir Dau

    Volutes a été ma porte d'entrée dans l'univers de Diptyque. Lorsque j'ai entendu parler d'un parfum qui sentait le tabac, fille, petite-fille et nièce de fumeurs d'Amsterdamer, je me suis dit que je devais absolument l'essayer. Je suis tombée sous le charme, je suis anosmique par rapport à l'iris mais je me dis que ces notes de miel, voir de foin, sont peut-être dues à l'iris.... Je n'irai pas jusqu'à le porter, mais comme vous, j'aimerais le sentir sur quelqu'un de mon entourage. Pour Volutes je sais qu'il y a deux chapelles : les pro-eau de toilette et les pro-eau de parfum. Laquelle de ces deux concentrations préférez-vous ?
    En tout cas, ma visite à la boutique de Diptyque rue des Francs Bourgeois à Paris a été un grand moment, accueillie par un jeune homme adorable qui m'a laissée repartir avec une provision d'échantillons. J'ai particulièrement apprécié Tam Dao, l'Eau trois qui comble mon goût pour l'encens et la myrrhe, l'Autre qui me rappelle mes souvenirs de petite fille élevée dans les pays du Moyen-Orient et les expéditions dans les souks des Emirats arabes ou du Caire, mais surtout Do Son : avant de connaître l'Eau scandaleuse, je me suis dit que ce serait la première tubéreuse que je porterai.

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    Réponses
    1. Ni l'un ni l'autre, j'aime les deux versions... L'iris est assez peu perceptible en tant que tel selon moi aussi, il apporte plutôt une texture, un velouté poudré à cette ambiance.

      Do Son, c'est vraiment l'une des tubéreuse que je n'aime pas du tout. (avec Carnal Flower) Trop naturaliste pour moi, je pense. mais la Scandaleuse: Big Love!

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