gentleman en hiver


"…elle avait mis toute sa finesse, son goût des citations, sa mémoire des classiques…"

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le côté de Guermantes, 1922.

Aleksandr, Arquiste, échantillon
Arquiste me laissait sceptique, mis à part le petit craquage du départ pour Fleur de Louis et me voilà en train d’aimer de plus en plus de parfums de la marque y compris cet Aleksandr dont sur papier je me disais qu’il n’était pas pour moi. Tout commence avec une note de violette, de feuille de violette, vive sans être fraîche qui assez vite se marie à un cuir souple sur fond de bois qui produit une impression un peu fumée. L’équilibre entre le froid et le chaud se maintient tout le temps du parfum de façon étonnante : c’est regarder l’hiver à derrière une vitre : en frissonnant alors qu’on est bien au chaud. Bien au chaud là ou un gentleman range et enfile ses bottes. (Et je l’ai déjà dit, mais j’ai une petite passion pour les odeurs « boutique de chaussures. » Ici, c’est un peu le cas, mais je trouve cela très portable pour une fois moi qui préfère généralement ce genre de senteurs en bougies. Oui, vous avez-deviné, c’est peut-être ce détail-là qui me fait craquer)

Aleksandr emprunte beaucoup aux classiques, l’habituel Cuir de Russie pour commencer, le Jolie Madame de Balmain aussi avec son accord violette-cuir, mais glisse aussi une touche d’ambiance masculine boisée-barbier. Pourtant, nous sommes loin d’un parfum-citation ou d’un parfum-reprise, celui-là possède vraiment son charme propre, discret, confortable, avec cette pointe d’originalité qui le rend intéressant sans tomber dans l’excentricité, simplement, il faut lui prêter attention pour qu’il commence à raconter son histoire. Si le parti pris de la marque est l’Histoire avec un grand H, ce parfum me semble surtout raconter une histoire, la sienne, plutôt intime, posant un personnage, lui construisant un décor…

Le héros est bien un homme, l’action se passe en hiver, ces violettes introduisent-elles un élément d’élégance ou de romantisme ? C’est là tout le charme d’un parfum, ne pas être trop directif, nous laisser imaginer, broder, rêver, à notre guise et le remplir de notre propre roman. 

Aleksandr, Yann Vasnier pour Arquiste, 2011

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