un peu de cuir rose...


“Vous avez gardé vos souliers noirs!”

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le côté de Guermantes, 1922.

J’ai ce « truc » avec le cuir… Ce petit frisson, dès que j’en sens l’odeur, cette réaction immédiate « Je veux ! Je veux ! » assez pavlovienne, irraisonnable, irraisonnée. J’aime l’odeur en soi, ai envie de chaque parfum ou je la retrouve, alors que je ne les portes quasiment jamais. Je le sais, j’ai appris à me connaître un peu avec les années et autant il peut me faire rêver, autant je sais que je n’ai nullement besoin d’investir dans un flacon de Bandit. Pas besoin de chercher très loin, je sais parfaitement d’où ça vient et que celui qui n’a jamais frissonné en ouvrant la boîte qui contient ses nouvelles chaussures me jette la première pierre.  Qu’il me jette la première pierre à condition qu’il n’ait jamais ôté sa protection plastifiée d’un volume de la Pléiade pour s’enivrer de l’odeur du livre neuf… Pour moi, c’est évident que ce doit être une odeur de bougie, un parfum d’intérieur, pas quelque chose qui se colle à moi, est moi, mais un décor ou je me sens bien.

Traditionnellement, je jette mon dévolu sur le parfum de Mizensir, la marque d’Alberto Morillas, Cuir et Feu qui évoque précisément pour moi l’odeur d’un feu dans une bibliothèque aux murs couverts d’ouvrages reliés en cuir. Ambiance timeless chic, classique, de bon aloi, tout ce qu’on veut, et même plus, que j’adore.

Cette année, l’hiver sera parfumé à Yazbukey, Cire Trudon. La bougie joue sur la note cuir et y ajoute un peu de violette cosmétique qui se marie merveilleusement avec. Elle rappelle un peu Bandit de Piguet, mais en plus ludique, en plus joyeux. La première fois que je l’ai sentie, dans une saison qui ne lui convenait pas, je fus transporté dans un magasin de chaussures peuplé d’élégantes arborant un joli rouge à lèvre. C’est le paradis de la frivolité, c’est léger, joyeux et beau. Peut-être sans morale, mais par pure légèreté, sans le faire exprès. Et même si cela peut-être cruel, j’ai besoin d’un peu de légèreté parfois. Cette bougie, je l'ai gardée en mémoire en me disant "Il me la faut! Il me la faut!" Après tout, un peu de cuir rose, dans un monde de brutes, ça ne peut pas vraiment faire de mal…


Yazbuckey, Cire Trudon.

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