plaisirs d'automne


J’ai terminé il y a peu ma Colonia Assoluta Acqua di Parma et son lait pour le corps assorti. Je me suis dit que je n’en rachèterai pas parce que ce n’était vraiment pas de saison, c’est très joli, élégant, une cologne avec un effet savon à barbe vraiment chic, mais sur moi, l’Ylang Ylang ressort très fort, donnant un vrai côté solaire au parfum. Et soyons Lucide, l’été est bel et bien derrière nous. Deux choix s’offre à nous : nous accrocher avec des parfums ensoleillés pour le faire durer un peu plus, au moins dans notre tête ou se réjouir et embrasser l’automne…

L’automne, j’aime beaucoup ça: les magazines doublent de volume, les nouvelles collections arrivent dans les boutiques, même si ce n’est pas à chaque fois séduisant. Il fut un temps où c’était excitant parce que c’était aussi la rentrée parfum. L’époque ou une grande maison lançait sa première nouveauté depuis bien longtemps, mais maintenant que l’écart entre deux lancements de flankers est d’à peine trois semaines, c’est beaucoup moins excitant…

L’automne, c’est donc, d’une certaine manière le retour des élégances, parce que je me fiche royalement de la beauté de la nature, je vous l’avoue, et aussi, et surtout, le retour des vrais parfums, pas parce qu’on devrait se limiter à un hespéridé sous prétexte qu’il fait chaud mais parce qu’une canicule peut tuer beaucoup de parfums en les écrasant, en désordonnant leurs structures et en faisant ressortir des notes désagréables. L’automne, c’est retour à la subtilité et à la nuance.



Ma Griffe, Carven, n’est pas le plus subtil de la bande : une grosse dose d’aldéhydes qui agressent, comme j’aime, du vert, exotique, bien raide, des fleurs de grande dame et un fond de chypre pour faire luxe. C’est parfait pour le bureau dans une ambiance très Joan Collins dans Dynasty : glamour bitchy et élégance un peu tapageuse. Ça, c’est pour la version vintage. 
La version actuelle est reconnaissable mais bien plus lisse, les aldéhydes sont réduits à la portion congrue, le bouquet vert est là, joli et le fond... Il y a un fond ? Mais c’est encore fort joli, plus beau que la majeure partie des sorties actuelles et surtout plus beau que Carven, Le Parfum, la nouveauté insipide qui n’est qu’un "j’adore" édulcoré de plus.

Arpège, Lanvin, vintage : Le grand aldéhydé fleuri qui sent bon l’automne, le charme de la feuille morte et le manteau de vison. (Imaginaire) C’est grande dame et un peu conventionnel. Soyeux et poli, terriblement luxueux, il évoque une lumière dorée, toutes les nuances qui vont du beige au brun. La cliente Lanvin des années ’20 n’aimait pas trop la modernité et l’innovation, inutile de dire que le parfum a vieilli, est devenu délicieuse ment désuet et classique au XXIème siècle. Son élégance sans tapage est peut-être la meilleure façon de se révolter puisqu’être bien élevé est devenu une excentricité. À porter si, comme moi, les ensembles ceinture-chaussures-sac à main dépareillés vous paraissent effroyablement vulgaires.
La version actuelle, plus dure, est jolie également, plus raide et peut-être plus hivernale à mon goût.

Mitsouko, Guerlain. Pour une fois, j’aime la version actuelle plus que l’ancienne.* Il y a les mousses, les bois, les fleurs et la pèche… Le chypre dans toute sa splendeur : complexe, végétal, évoquant le sous-bois, humain avec ses nuances de peau nue et pourtant très habillé, très sophistiqué. Il était assez sombre, il est devenu plus lumineux, pas franchement joyeux mais sa nostalgie semble plus souriante.  C’est un parfum qui parle à l’âme, à l’intelligence et, pour ma part, je ne peux le porter vraiment bien que chez moi, au calme, loin de l’agitation de la foule. Il se prête bien à la dégustation d’un très bon thé, aux longues heures de lectures entrecoupées de rêveries. (Remarquez, pour faire moderne, parce que oui, je peux le faire, ça marche aussi très bien pour regarder Downton Abbey. Ce n’est pas très  "moderne" ? Bon, ben, tant pis…)

Pour la bougie, j’ai craqué pour l’Odalisque de Cire Trudon, un grand bouquet baroque autour de la fleur d’oranger, assez sensuel, qui transforme mon humble appartement en palais. J’avoue, la modestie, ce n’est pas mon truc, faire profil bas m’ennuie un peu, je préfère le grand genre.

*J'ai connu Mitsouko dans les années'80, c'est à cette époque que je me réfère. J'ai un jour croisé un très vieil extrait, certes très beau, mais plus difficilement portable pour moi.

Commentaires

  1. Je crois que moi aussi je préfère le Mitsouko actuel au Mitsouko plus ancien... Mais je sais pas, j'ai l'impression de rarement sentir de bons Mitsouko VBS, même celui de l'Osmothèque est bizarre je trouve.

    Mon gros trip de rentrée c'est 24 Faubourg <3

    J.

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    1. Je crois que Mitsouko est particulièrement fragile... Mais même si j'ai connu des versions d'avant l'IFRA, je suis content et parfaitement heureux avec celui-ci. L'ancien avait quelque chose de "sombre" qui joint à son austérité le rendait vraiment "lourd" difficile à porter, il demandait un vrai effort pour se montrer constamment à la hauteur, ne jamais se relâcher sous peine d'être écrasé. L'actuel, me semble moins "fort" mais plus confortable, plus moelleux. La banquette et un peu raide, on se tient droit mais on a quand même un coussin dans le dos...

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  2. Ses plaisirs d'automne m'ont évoqué plein de souvenirs : je me souviens de l'impatience qu'avait provoqué en moi l'annonce de la sortie de Paris d'Yves Saint-Laurent, de Coco de Chanel ou de Samsara de Guerlain. J'étais dans les starting blocks ! J'étais étudiante à l'époque, donc avec pas beaucoup de moyens mais la gérante d'une parfumerie m'avait pris en affection et n'hésitait pas à me donner un pshitt au passage et quelques échantillons, en attendant de faire ma liste au Père Noël ou pour mon anniversaire. Je feuilletais aussi avec un plaisir gourmand les magazines de la rentrée à l'affût des nouvelles lignes de maquillage, les "collections automne-hiver". Les teintes sombres et les couleurs automnales me plaisaient d'avantage que les teintes pastel ou acidulées du "printemps-été".... Question parfums, un que j'adorais porter à l'entrée de l'automne c'était Miss Dior.. Attention, le seul, l'unique, pas celui qui fait que je ne peux plus voir Natalie Portman en peinture ni supporter la Vie en rose... Je trouvais que ce chypré s'accordait merveilleusement bien avec l'arrivée des premiers frimas et les ballades en forêt...

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    1. Oui, la rentrée, c'était une vraie excitation... Que je n'éprouve plus et dont je me demande si les nouvelles générations la perçoivent? (il reste la mode heureusement)

      Miss Dior, le vraie pas la petite traînée au rabais, c'est amusant, parce que moi, je le lie au printemps, un printemps frais ou on se pare de fleur et de pastel en gardant une écharpe et un pull...

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