après l'amour...


Les parfums Guerlain ont tous un esprit cocotte, une séduction charnelle évidente, une volonté de vivre par et pour le plaisir comme ces belles Modern Style qui me fascinent. Une élégance particulière et voluptueuse, insolente et tapageuse… ça me fascine,certes, je trouve cela beau, mais ça ne me correspond pas du tout. À la rigueur, je pourrais jouer les Cléo de Mérode, la danseuse entretenue aux airs de vierge effarouchée, mais les Pougy et les Otero, jamais. Ceci explique que je ne porte quasi pas de Guerlain, que j’aime les sentir mais pas sur moi.

Mouchoir de Monsieur semble un peu à part : inspiré de Jicky, tel un flanker avant l'heure ?, il commence par une lavande assez masculine selon les codes traditionnels, additionnée d’aromates et d’hespéridés, bascule vite dans des notes animales et la guerlinade habituelle mais, avec intelligence, joue sa partition sotto voce. Mouchoir de Monsieur sent bon l’homme élégant, soigné et discret, avec une atmosphère barbier, des effluves propres… Il est en retrait, en deçà, il est sur le registre de la maîtrise, la discrétion, la demi-teinte.

Pourtant il est indéniablement Guerlain, terriblement cocotte car ce bel homme, ce gentleman, a sur lui des effluves suspects. Il sort de chez une femme, on peut encore sentir sa trace sur lui. Monsieur vient de s’arracher du lit d’une cocotte, on retrouve dans son sillage le parfum de la belle et l’odeur de son corps. Mouchoir de Monsieur nous parle lui aussi de la femme, de la courtisane, même absente, puisqu'il sent l’homme après l’amour.

Mouchoir de Monsieur, Jacques Guerlain pour Guerlain, 1904.

Commentaires

  1. Le beau Mouchoir... Tellement Guerlain, en effet ! Jusqu'à la caricature, presque ;) Avez-vous essayé Après l'ondée ? Je les trouve proches, et je crois même préférer ce dernier (même si je suis un homme), qui me paraît un chouïa plus discret. C'est peut-être juste une histoire de peau ?...

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    1. J'ai adoré Après l'Ondée en extrait dans les années 90... Je REFUSE de connaître la version eau de toilette actuelle qui a parait-il beaucoup souffert des reformulation. Pour moi, c'était vraiment l'un des plus beaux, des plus poétiques, parfums qui soit au monde. Sa capacité à m'émouvoir me semblait infinie. Hélas, le flacon s'est vidé et j'ai fais mon dueil.

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  2. Merci Dau pour ce post!
    Mouchoir est un kiff absolu depuis bien 20 ans. J'aime sa lavande bien proprette qui s'encanaille de civette et de vanille. C'est sompteusement indécent mais c'est ca qui est bon :)

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  3. Tellement d'accord.
    Il me mettait dans un état de gêne terrible quand j'étais jeune et prude. Je le rapprocherais plus de Jicky pour ma part. La civette y est presque... menaçante d'animalité non jugulée. Importable pour moi qui évidemment, fais ressortir encore plus ces notes-là. Je parle d'une époque où la civette était encore de la civette. Oui, je sais, c'était il y a bien bien longtemps.
    Quant à Après l'Ondée, je me suis aussi interdit de le ressentir. Je m'aspergeais de son extrait sans que jamais il ne soit trop présent.
    Il faisait partie de la famille des grands Guerlain. Il a été "déclassé" dans les eaux, ce qui est déjà une gifle. C'était une pure merveille, du Debussy.
    Bon. Fin de la séquence nostalgie "c'était mieux avant". Mitsouko, quant à lui, est une vraie réussite. Non ?

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    1. Oui, Mitsouko est une vraie réussite! Ce qui prouve qu'on n'est pas obligés de verser toutes les larmes de notre corps. (mais une bonne partie quand même)

      à propos de la civette: chacun ses misère, moi, c'est le sucre que je fais ressortir. Au point que pas mal de Guerlain dont Habit Rouge sont monstrueusement pâtissiers et écoeurants sur moi.

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  4. J'ai absolument adoré lire ce post et les commentaires.Merci
    Liz

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