racine carrée, Anatole Lebreton

 

« Dans les milieux nouveaux qu’elle fréquentait, restée bien plus elle-même qu’elle ne croyait… »

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le temps retrouvé, 1927.


Racine carrée n’est pas aussi mathématique qu’on pourrait le craindre. C’est surtout le plus moderne (et récent) des parfums d’Anatole Lebreton qui s’était surtout illustré dans le genre rétro. Le parfum explore le thème de la racine en parfumerie, cette oubliée… Les fleurs, c’est tellement plus joli, poétique et photogénique qu’on a presqu’envie d’oublier que c’est le rhizome de l’iris qui fournit une matière parfumée. Mais bon, je suis d’accord, je préfère poser mon flacon de N°19 à côté d’un joli bouquet d’iris, les rhizomes, ce n’est pas très joli sur ma console. Mais la racine, après avoir senti un essai en cours, j’étais bien décidé à acheter mon flacon à la sortie. (Bon, en vrai, j’ai même précommandé, mais vous vous fichez probablement de ce genre de détail.) 


Racine carrée s’élance sur une note fort plaisante qui évoque le légume craquant et juteux. C’est mon passage préféré, celui qui est le plus original mais on semble apercevoir le début d’une tendance « légumes et potagers » dans la parfumerie en ce moment. Je trouve ça très séduisant. Ce n’est pas hyper nouveau, je vous rappelle le très joli Grain de Plaisir de Maître Parfumeur et Gantier qui sent bon le céleri, mais aussi l’eau de campagne qui associe le petit pois et la feuille de tomate… Ces notes sont plaisantes, originale avec un côté très « sensoriel. » Je dis que j’adore, mais je resterais un peu sceptique quand au menu complet de type potage au cerfeuil en tête et curry végétarien en cœur.


Ensuite vient le duo de racines vétiver et iris. Une association très réussie qui met bien en valeur le côté terreux de chacune des matières. Les fans de l’iris vont adorer à condition de ne pas chercher les notes de poudre dans le parfum, ils ne les trouveront pas. Il y a un autre aspect moderne : un peu de bois ambrés. Ce n’est pas ma came, mais ça donne de la tenue et du sillage au parfum… Alors, le fond n’est pas ce que je préfère. Je parle du tout fond quand il ne reste que le bois ambré à la tenue atomique quand on a vaporisé le parfum la veille. Mais l’effet sur le sillage est intéressant parce que ça apporte une certaine légèreté. L’effet est un alliage vétiver-iris qui, en dépit des aspect sombres et terreux des matières, évoque une brume de novembre et rend le parfum transparent et aérien. 


On est sur du facile à porter puisque c’est présent mais pas lourd et en dépit de l’originalité de l’accord, on est sur des notes majeures qui restent des classiques, bien connus, bien acceptés. Et c’est un parfait exemple de masculin-féminin puisque ça va chercher des deux côtés du répertoire. C’est quand même chouette de proposer quelque chose de facile à porter sans sacrifier l’originalité.


Racine carrée, Anatole Lebreton, 2021.


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