eaux chyprées


Pendant 30 ans les eaux chyprées ont régner sans partage sur nos été. Les années ’90 ont mis le holà en imposant pour l’été (et l’hiver) les notes marines et océanique jusqu’au dégoût. Avec Eau Sauvage, Edmond Roudnitska a relancé les notes cologne en les mariant au chypre pour un parfum génialement frais mais tenace. 

L’Eau Sauvage de Christian Dior fut mon premier parfum, celui que j’ai le plus porté, celui dans lequel j’oublie que je suis parfumé, celui que je porte les jours sans inspiration, les jours ou j’ai envie de fraîcheur élégante aussi. Des notes cologne, citron, petit grain, romarin, basilique, un peu de fleur dont l’hédione (une fraction du jasmin) qui apporte diffusion et transparence, qui aère le parfum. Le fond à changer, il est plus bois blond et moins chypre, mais on la reconnaît toujours, elle est toujours aussi fine et fraîche, juste moins tenace. Eau Sauvage, c’est l’élégance toute simple du propre, du net, sans prétention. Le vrai chic sans chichi et complication, celui du genre idéal qui porte une chemise blanche, mais pas nécessairement la cravate. Il a perdu quelques poils avec le temps et ceux qui reste sont un peu grisonnant, mais je continue à l’adorer.

L’Ô de Lancôme à profondément marqué les années ’70 et ’80 avec sa rivale l’Eau de Rochas. Pour un best of, je dois choisir, je choisis Ô sans hésiter. C’est l’un des parfums que j’ai eu le plus de plaisir à porter récemment. La reformulation est plus réussie que celle du Rochas, c’est peut-être ça. Mais je pense que c’est parce qu’elle est plus vive. Le citron est très présent, la feuille de citronnier un peu verte aussi, les aromates (basilic, coriandre) aussi, les fleurs sont discrètes et le fond actuel, très patchouli en fait un vrai parfum qui devient grave avec le temps, avec une aura rétro, vintage, très marquée. Ça lui va bien, ça lui a donné une aura romantique de jeune fille en fleurs. Quarante ans après son lancement, le parfum fait mur, sage, mais avec quelque chose de vif, d’espiègle. C’est un vrai classique et il a beaucoup de charme. Personnellement, je le trouve extrêmement flatteur, bien plus que ces parfums pour jeunes porté par des gens qui ne sont plus jeunes depuis longtemps. Il y a quand même un âge ou le parfum qui sent la sortie des écoles, c’est un peu délicat… 

Les années ’80 sont toujours associé au glamour à épaulettes façon Mugler ou Montana, porté avec de capiteux parfums, mais c’est aussi l’ère de la cassette VHS de Jane Fonda donnant des cours d’aérobic et plus largement d’un culte du corps sain et sportif qui passe beaucoup de temps à la gym. (La salle de gym était presqu’aussi populaire que le shopping. Ou au moins Véronique et Davina le dimanche matin.) C’est l’Eau Dynamisant de Clarins qui pourrait l’illustrer, mais ce serait dommage de la réduire à ça. C’est un parfum très bien construit : un départ agrumes pétillant, un cœur aromatique qui sent bon le thym et le romarin avec une note un peu épicée sur un fond (très discret) de patchouli.  C’est rafraichissant, mais plus élégant qu’une simple cologne, effectivement « sport chic » comme un polo blanc qu’on sort du court de tennis pour le promener en ville. L’Eau Dynamisante, c’est un état d’esprit, un rapport égoïste au parfum, porté pour soi, pour se faire plaisir, qui renoue avec les friction à l’eau de cologne, surtout si vous acheter les GROS flacons recharge plutôt que les petits vapos. La tenue est excellente mais on peu en remettre sans risquer de surcharger. Ça manque un peu de poésie, mais le chic canaille est là et c’est merveilleux de la porter quand on n’a pas envie de se la jouer.

C’est aussi ça ce que j’aime avec les eau chyprée, cette façon de dire « prends-moi comme je suis » sans brushing aux aldéhydes. Il n'y a pas des jours où vous vous dites que ce n'est pas si grave d'être décoiffé, vous? 


Commentaires

  1. J'aime ces parfums sans chichis comme tu dis, parfaits pour revenir à des choses simples (mais pas du tout simplistes) de temps en temps. J'aime l'Eau Sauvage, j'ai beaucoup porte Ô, et j'ai toujours un grand flacon du Clarins chez moi quasiment depuis sa sortie. En ce moment je suis en vacances, et j'ai volontairement laissé mes parfums sophistiqués à la maison, pour emporter uniquement l'Eau Dynamisante et Paris-Deauville ( joli parfum "simple" aussi, mais à la tenue malheureusement décevante). Smacks à toi 😘

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    1. Ah, c'est un peu moins sophistiqué, mais c'est chic quand même ces eaux! bPAris Deauville, il faudra que j'en parle, mais c'est une déception: cette soupe de muscs Chanel, ce n'est pas vilain mais on baille d'ennui! L'Eau Dynamisante est beaucoup plus amusante!

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  2. Je suis d'accord avec toi, Paris-Deauville ne vaut pas son prix. Mais personnellement je n'y sens pas vraiment des muscs. Tu es sûre de ne pas confondre? Des agrumes, de la verdure par la très jolie note de basilic, et un tout petit chouïa de patchouli pour finir... dommage qu'il tient si peu

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    1. Alors pôur le manque de tenue, je dirais "anosmie aux muscs blancs" parce qu'on les sent bien et qu'il font tenir le parfum... Je comprends mieux le reproche du manque de tenue du coup!

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  3. De l'anosmie aux muscs, c'est fort possible!

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  4. Je me suis offert Paris-Dauville, il est bien pour l'été, même s'il est sans surprise, mais effectivement il ne tiens pas la demi-journée... Pas grave.
    Quant à l'eau dynamisante, elle est parfaite, sauf que dès son apparition la majorité des femme se sont jetées dessus, une belle sœur et sa copine, on sentait cette fragrance partout ! Je ne peux pas, et je déteste son souvenir.
    C'est comme ça....

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