arty or not ?

le blogueur du dimanche


porté cette semaine avec beaucoup de plaisir:
Climat de Lancôme, un parfum qui n'est pas
un chef d'oeuvre mais qui est bien agréable
Une question traverse régulièrement le petit monde des amateurs de parfums, celle du parfum en tant qu’oeuvre d’art. Je n’envisage pas une seconde de trancher ni même d’apporter ma pierre à l’édifice, je suis les débat, mais je n’ai pas fait de recherche sur le sujet, je ne suis absolument pas critique d’art, ni qualifié pour déterminer ce qui est ou non un oeuvre d’art. Décréter que le nez est artiste ou artisan n’est tout simplement pas dans mes compétences.

Spontanément, j’aurais rangé la parfumerie dans la catégorie Arts Appliqués en grande partie à cause de son fonctionnement (travaille sur commande/brief) et de sa vocation commerciale. De nos jours de nombreux pratiquants des arts plastiques, quantité de peintres, de sculpteurs et d’artistes conceptuels travaillent directement pour les musées d’art contemporain qui sont les nouveaux mécènes ou vivent de la spéculation dans le monde de l’art, ce n’est pas le cas de la parfumerie qui cherches systématiquement à vendre à un grand nombre après un processus de type industriel. Certes, le marché de la niche à réintroduit une dimension plus humaine, plus artisanale, avec une production à petite échelle parfois, mais la distinction niche/mainstream est de plus en plus floue et se marque de plus en plus par le prix uniquement.

Il y a certes encore une niche qui est créative, plus expérimentale, qui se contente d’une distribution plus confidentielle, dans la mesure ou à l’ère d’internet il y a encore une confidentialité, mais les frontières entre les deux univers se sont bien estompée. De plus en plus de marques niches intègrent de grands réseaux de distribution (Cessent-elles dès lors d’être des marques de niches?) et les acteurs historiques de la parfumerie mainstream possèdent désormais pratiquement tous des lignes au positionnement « premium. »
Pointu, nuit de bakélite de Naomi Godsir, un beau parfum mais qui est un peu trop froid à mon goût qui oublie un peu l'aspect plaisir

Sur le sujet, je n’ai aucun snobisme et je passe de parfums de niches pointus à des parfums mainstream sans le moindre souci ou scrupule. Mes goût étant classiques, très, conservateurs et démodés diront certains, ce que je ne contesterai pas, le mainstream constitue probablement 90% de ce que je porte. Plutôt en vintage déniché en brocante ou sur eBay, ce qui en soit est peut-être aussi une niche? J’ai cependant à avouer un léger souci avec la niche. Je ne parle pas de la niche un peu attrape-gogo qui fait du jus facile, souvent bien fichu mais pas nécessairement, vendu à prix d’or en jouant sur l’argument « exclusivité et belles matières » et qui n’enchante que les snobs, non, je parle de la niche véritablement créative et « arty. » Pas celle qui se vend avec pour principal argument la bizarrerie et le goût de choquer le bourgeois, non, celle qui tente, expérimente, cherche des voies nouvelles. Il m’arrive de saisir pleinement l’intérêt de la chose, sa beauté même, mais j’ai cependant des doutes quand à la portabilité du parfum envisagé comme création expérimentale. Avons-nous vraiment envie de porter un parfum qu’il est nécessaire de décrypter, qui réclame un attention constante pour dévoiler son intérêt et sa beauté? Je vais probablement me faire lyncher, me faire tomber dessus à bras raccourcis, mais le plaisir sans démarche intellectuelle m’attire plus. Mon rapport au parfum passe par des notions de beau, de joliesse, de jouissance esthétique, pas par l’intérêt d’une construction intéressante dont la forme finale ne me plairait pas vraiment, ne m’apporterait pas de plaisir autre que celui de la comprendre.


calandre, rive gauche, N°19
le mainstream, version élégance et exigence
C’est le même genre de regard que je pose sur la peinture (Mes goûts en ce domaine sont encore plus ringards) où je goûte les lignes d’Ingres, la délicatesse des préraphaélites mais refuse obstinément de contempler des heures durant une toile qui oublie de réjouir mon regard pour m’adresser une message. (Non, je n’irai pas m’assoir devant le Guernica de Picasso, pas question.) Mais je répète que le débat sur la pertinence de considérer la parfumerie comme l’un des beaux arts m’intéresse et je n’ai pas de position tranchée sur le sujet, je serai toujours ravi de suivre les débats et d’entendre les arguments des uns et des autres. Même si le débat est probablement sans fin.

D’ailleurs, je pense que la question se pose peut-être plus de façon juridique en rapport avec le propriété intellectuelle. Je ne suis pas certain sinon qu’il soit nécessaire de trancher. Une intellectualisation trop forte (qui n’est pas près d’arriver) couperait complètement une partie du public de la parfumerie et serait catastrophique pour la survie de l’industrie (sans industrie, plus de créateur et de création) et un manque d’ambition artistique n’entraînerait qu’un nivellement par le bas (inutile de me dire que c’est en cours, je le sais bien!), signerait l’arrêt de mort de la belle parfumerie, et à terme de la parfumerie tout court, non?

Commentaires

  1. Bonjour
    Je vais être bref ( et feignasse) mais j'adhère totalement à ce que tu dis !
    Bon dimanche

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